OOO                MEMOIRES DE «ERRE DE L'ESTOILE.
et l'importunent de mettre quatre cens politiques dehors la ville, dont ils lui bailleront la liste; ou leur accorder une garnison de deux mil Hespagnols, qu'ils paieront. M; du Maine respond que quant à la garnison, il n'en veult avoir que de François, qui soient à sa devotion; et qu'il y en mettra deux mille, s'ils les veulent paier. Quant à chasser les politiques, qu'il y faudra adviser; et s'il se trouve quelques faciendaires dans la ville, qu'il estoit bien raisonnable de l'en purger. Laquelle res­ponse ouie fist murmurer fort le légat, le duc de Feria, tous les Espagnols et les Seize, qui disoient assez haut que le duc de Maienne s'entendoit avec l'ennemi ; et qu'il le faloit mettre en la Bastille.
Ce qu'estant parvenu jusques à ses aureilles, dit tout haut et proteste que les villes qui se rendoient estoit tout à son desavantage : mais qu'il n'estoit point si petit compagnon qu'il n'eust encores le moien de faire mourir cent mil hommes avant que mourir; qu'il y avoit des politiques qui se resjouissoient d'Orleans : mais qu'il y avoit danger, devant qu'il fust gueres, qu'ils en pleurassent.
Le prevost des marchans dit qu'il falloit attacher à des potences les premiers qu'on scauroit qui s'en res-jouiroient. Madame de Montpensier crie quceste heure on les sert à desjuner d'une bicoque rendue, à disner d'une ville, et le soir d'une province entiere. Madame de Nemoux, sa mere, dit qu'elle n'a que faire d'Orleans : qu'elle ne songe quLion. M. le légat fait courir le bruit qu'il s'en va à Reims, achete des che­vaux ; mais pour ce que c'est la troisiesme fois qu'il en a acheté sans s'en aller, on n'en croid plus rien.
^a reduction de la ville d'Orleans fust conclue aux
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